Petites tempêtes et grandes leçons : comprendre et apaiser la colère chez l'enfant
Dans cet article, nous allons plonger dans le monde complexe de la colère de l’enfant, pour parvenir à l’apaiser ? Nous en explorerons les causes, les différentes manifestations, et bien sûr comment l’accompagner au mieux !
La colère chez l'enfant : un apprentissage difficile
L’enfant est un être en développement, en perpétuel apprentissage. En effet, l’enfant reste une jeune personne immature qui a besoin d’être guidée et accompagnée.
Les premières années de l’enfant sont un véritable bouleversement pour la vie de ses parents. Vers l’âge de 2 à 3 ans, l’enfant poursuit son développement et continue de découvrir le monde qui l’entoure. Il voit alors l’émergence d’une émotion nouvelle : la colère, qu’il est parfois difficile d’apaiser.
Celle-ci peut être une source de tensions, d’inquiétudes, voire de désarroi pour ses parents. En effet, jusqu’ici, l’enfant est pris et « emmené » par le désir et la volonté de ceux-ci. Tout à son développement, il découvre peu à peu de nouvelles émotions. Mais il a encore beaucoup de mal à pouvoir y poser des mots !
Concernant la colère, l’enfant apparait comme submergé par ses émotions et son comportement peut sembler incontrôlable, difficile à apaiser. Pourtant, comprendre et accompagner nos enfants dans ces moments de tempête émotionnelle est essentielle pour favoriser leur développement psycho-affectif.
Les causes de la colère chez l'enfant
Un langage encore peu maitrisé
La colère chez le jeune enfant trouve souvent ses racines dans son incapacité à exprimer verbalement ses émotions. A un âge où le langage n’est pas encore pleinement développé, les enfants peuvent se sentir frustrés de ne pas pouvoir communiquer efficacement leurs besoins et leurs désirs. Cela amène fréquemment de la frustration, parfois associée à un sentiment d’injustice, déclencheurs bien connus de la colère. Cette colère est renforcée par le fait que les enfants ont souvent encore du mal à identifier leurs émotions et à les canaliser.
La colère devient alors un moyen relativement instinctif pour eux de faire connaître leur mécontentement face à des situations vécues comme difficiles.
Autonomie et partage difficiles
A cela s’ajoute le désir croissant d’autonomies chez les jeunes enfants, potentielle source de colère. En effet, en grandissant ils ont besoin d’explorer le monde par eux-mêmes et d’exercer un certain contrôle sur leur environnement. Cela passe très souvent par des moments de jeux avec des objets ou bien leurs jouets. Or, lorsque ces désirs se heurtent à des limites ou à des interdits – nécessaires – posés par les adultes, la colère peut surgir comme une réaction naturelle à la frustration.
Enfin, en grandissant, les enfants élargissent leur cercle d’interaction. Tour d’abord très « collés » à leurs parents, ils vont petit à petit entrer en relation avec d’autres enfants. C’est parfois le choc des envies ! Bien souvent, cela tourne autour du partage de l’espace et bien entendu des jouets. Ainsi, la colère peut émerger comme une réponse naturelle aux conflits ou aux frustrations liées à cette rencontre.
Quand les besoins s'en mèlent
Lorsque l’enfant présente un manque dans ses besoins fondamentaux, le risque qu’il bascule dans un état de colère est augmenté. On nomme besoin fondamental la faim, la fatigue ou le manque d’attention. L’enfant est alors moins à même de gérer ses émotions et de pouvoir s’apaiser auprès de l’adulte. Ainsi, pouvoir anticiper et reconnaître ces besoins peut permettre à ses parents de prévenir l’apparition d’une colère. Malgré cela, il n’est parfois pas possible de prévenir, nous le savons bien, ce n’est pas toujours réalisable car la vie et son rythme sont pleins d’imprévus !
Les manifestations de la colère chez l'enfant
Chez le plus jeune enfant, peuvent surgir de véritables tempêtes émotionnelles, des épisodes de colère intenses qui peuvent surgir très soudainement. Bien souvent, les parents sont surpris et pris au dépourvu par ce qui ressemble à une crise.
La colère de l’enfant peut aussi se manifester par des comportements d’oppositions, par lesquels l’enfant tente d’affirmer son « besoin immédiat » afin d’apaiser un sentiment de frustration. Ici, celui-ci va s’affirmer dans la confrontation à son parent. Par là même l’enfant peut chercher à tester la réaction de l’adulte, à confronter son émotion. Il va chercher à voir quelle sera la réaction émotionnelle de son parent. Souvent, on dit que l’enfant « teste les limites ». Pour lui, il s’agit de voir si la réponse donnée sera stable et en cohérence avec son discours.
Dans la pratique, cela se manifeste par des « non » – catégoriques ou pas. On peut aussi observer des résistances langagières ou corporelles, signes de cette tentative d’affirmation de sa propre volonté. Et parfois des débordements langagiers : « je t’aime pas » ou physiques : cris ou tape.
De l’autre coté du spectre, certains enfants ne manifesteront pas leur colère ouvertement mais la retiendront. Ils pourront aussi tenter de « l’expulser » à un autre endroit – à l’école par exemple. Dans ce cas, l’enfant montrera une attitude plutôt renfermée, cherchera à dissimuler ses propres émotions, ou pourra avoir des comportements oppositionnels plus subtils.
Comment agir pour apaiser la colère de son enfant ?
Le parent comme modèle de son enfant
Ainsi, l’enfant est parfois fortement soumis à ses émotions qu’il doit apprendre, petit à petit, à apprivoiser. En ce sens, le rôle de son entourage familial, et bien évidemment de ses parents, est essentiel. Il est important d’avoir à l’esprit que l’enfant reste un être immature affectivement. Ceci afin d’avoir une posture et des demandes adaptées, en lien avec sa capacité à comprendre à son âge.
Il est important de bien se souvenir que les enfants apprennent par leur propre expérience. Mais aussi par imitation de leur modèle d’attachement, à savoir leurs parents ! Ainsi, notre façon de gérer nos émotions, telle que la colère, va avoir un rôle important. Gérer de manière constructive nos difficultés est le meilleur exemple que nous puissions donner à un enfant. A noter que cela est valable pour l’ensemble de nos attitudes et de nos comportements, et que l’enfant est très sensible à la cohérence entre nos paroles et nos actes. Ainsi, expliquer à un enfant qu’il ne faut pas faire de crise de colère tout en étant soi-même en colère est très peu constructif. Nous lui donnons alors l’exemple inverse de ce que nous cherchons à lui enseigner ! A contrario, lorsqu’un enfant voit son parent tenter de résoudre une difficulté en faisant preuve de calme et de patience, il sera bien souvent plus enclin à agir de même.
Des limites claires pour contenir la colère
Ensuite, l’autonomie de l’enfant s’acquiert aussi à travers l’instauration de limites claires et cohérentes. Celles-ci ont tout d’abord pour intérêt de répondre à son besoin de sécurité. Mais cela va aussi lui permettre de comprendre ce qu’on attend de lui. Tout en lui signifiant notre fermeté face à certains interdits. En ce sens, l’établissement de sanctions adaptées à l’âge de l’enfant peuvent avoir un sens éducatif certain et l’aider à canaliser ses impulsions et sa colère.
Une communication adaptée à l'âge de l'enfant
Ainsi, il est important que l’adulte puisse réagir avec compréhension et empathie plutôt qu’avec frustration. Pouvoir se mettre à la place de l’enfant, et ce même brièvement, peut aider à établir un lien émotionnel avec lui. Des questions simples et ouvertes peuvent être posées : « peux-tu me dire ce qui t’a mis en colère ? ». Cela dans le but de lui permettre de mettre des mots sur son émotion. Pour le parent, il s’agit d’aider son enfant à prendre conscience qu’il a vécu une émotion forte, et lui apprendre petit à petit à la réguler. De manière plus générale, mettre des mots sur les émotions de l’enfant offre une alternative verbale à l’expression de sa colère.
Désamorcer les crises de colère passe aussi par l’élaboration d’une communication au quotidien avec l’enfant. Cela peut s’instaurer au plus tôt. Idéalement, pour être sécurisé dans son lien à son parent, l’enfant a besoin de savoir que même si nous ne sommes pas d’accord, nous pouvons comprendre ce qu’il vit intérieurement et que la communication reste ouverte.
Chez les plus jeunes, l’apaisement passe aussi bien souvent par le contact corporel. Lorsque l’enfant est emporté par sa colère, le réconforter avec un câlin va lui fournir une enveloppe contenante qui peut l’aider à s’apaiser.
Enfin, il convient de rester attentif aux changements dans le comportement de l’enfant. Une colère inhabituelle peut être une réaction à un sentiment d’anxiété, de tristesse ou de difficultés autres – un traumatisme par exemple.
Que faire en cas de colère persistante chez l'enfant ?
Lorsque la colère persiste et s’installe, et ce plus particulièrement après l’âge de 5 ans, il est utile de consulter un professionnel. L’intervention d’un psychologue spécialisé peut vous aider à comprendre les raisons de la colère de votre enfant et à pouvoir trouver des solutions pour l’apaiser.